Histoire de Blodelsheim
Dans ce thème sont abordés :
- le clocher de l'église
- l'orgue Silbermann
- la chorale Sainte-Cécile
Le clocher meurtri de l'église de Blodelsheim
Le clocher primitif de l'église, menaçant ruine, fut détruit à la fin des années 1850. Un nouveau clocher sera construit en 1860 et 1861.
De nouvelles cloches furent installées en 1864, puis à nouveau après la Première Guerre mondiale, en 1923 et après la Seconde Guerre mondiale, en 1949, car spoliées lors de ces deux conflits mondiaux !
La crue séculaire des 18 et 19 septembre 1852, dont les eaux inondèrent les rues du village, fragilisèrent les fondations du vieux clocher de l'église, clocher qui fut sans doute déjà en mauvais état ! Dans les années qui suivirent, sa base fut renforcée par des poutres de soutènement. Les dessins de l'architecte Laubser conservés aux ADHR l'attestent. A la fin des années 1850 le clocher fut finalement détruit. En 1859 un appel d'offre fut fait, puis le clocher actuel verra le jour au début des années 1860...
Ce clocher fit la fierté de la communauté villageoise de l'époque. Avec peu de moyens la municipalité réussit à financer, non sans mal, ce clocher et même l'achat de nouvelles cloches auprès de la fonderie Perrin-Martin à Robécourt (département des Vosges) en 1864 !
Les quatre cloches furent achetées à la fonderie Martin-Perrin à Robécourt, elles valaient 7444 francs. La fonderie reprit cependant les trois anciennes cloches par 2527 francs. Il restait donc à payer 4917 francs.
Source : ouvrage : Blodelsheim "Entre Rhin et Forêt" 1996.
Lors de la Première Guerre mondiale les cloches furent spoliées à des fins militaires.
Sur la photo ci-haut, il pourrait s'agir de cloches regroupées en 1917 par les autorités militaires allemandes, c'est en tout cas ce que pense Pascal Krafft, expert campanologue-adjoint de l'archevêché de Strasbourg auprès duquel, Jonathan Brun jeune organiste de Blodelsheim, a demandé avis.
Pour Blodelsheim, d'après un manuscrit de l'abbé Kauss en 1942, la plus grosse cloche de la fonderie Martin-Perrin put être conservée en 1917.
Après la Grande Guerre, sur la photo ci-dessous, datée de septembre 1923, trois nouvelles cloches les remplacèrent dans la liesse générale, ce fut un évènement pour tout le village... de leur réception en gare de Blodelsheim, puis un cortège à travers le village, jusqu'à leur bénédiction lors d'une fête paroissiale le 3 septembre et leur installation dans le clocher.
Ces cloches furent coulées par la fonderie Maurice Gripon à Brest.
Les cloches baptisées en présence des parrains, marraines et personnalités du village...
Une personne émigrée à Denver aux Etats-Unis, sans doute native de Blodelsheim, participa au financement des dites cloches.
Denver ? Un graffiti de cette ville fut aussi gravé dans la chapelle de l'Allmenfeld entre les deux Guerres mondiales se souviennent des anciens de Blodelsheim, ce qui signifie que cette personne fut peut être présente à Blodelsheim en 1923.
Photo qui fut probablement faite lors de cette fête du 3 septembre 1923 avec en arrière-plan le clocher pavoisé d'un drapeau tricolore.
L'abbé Florent Kauss, curé de la paroisse devant les trois nouvelles cloches de la fonderie Gripon de Brest déposées au-devant du choeur de l'église paroissiale en vue de leur bénédiction.
Malheureusement, en 1943, exactement 20 ans plus tard, ces cloches seront elles aussi spoliées lors de la Seconde Guerre mondiale pour de nouveaux faits de guerre. Contrairement à la Grande Guerre où la grosse cloche de Martin-Perrin de 1864 fut préservée, cette fois, seule la plus petite cloche de la fonderie Gripon de Brest put être conservée !
Triste destin que celui de Robert Winckler, tué dans la rue Principale, lors de la Libération le 8 février 1945. 😭
Septembre 1943 : c'est la désolation, les cloches sont descendues et seront emportées par les nazis !
En 1947, comme si un dommage ne suffisait pas, un soir d'août la charpente du clocher brûla entièrement et sema une fois encore la consternation au village. Un nouveau clocher sera reconstruit.
12 août 1947 : le clocher est détruit par un incendie et la seule petite cloche conservée en 1943, tomba au sol, intacte !
Joseph Hassler fut le sauveur de l'orgue Silbermann, son nom est cité dans l'article de presse du NOUVEAU RHIN FRANÇAIS du 14 août 1947.
Sont également cités : Joseph Faesch, chef de corps des sapeurs-pompiers ; Albert Peter, maire de Blodelsheim et Eugène Goetz qui fut en grand danger... et le curé Maercklen qui dut donner l'alerte tout en allant sauver le Saint-Sacrement (sans doute l'ostensoir ?).
Le sauvetage de l'église fut collectif, toute la population oeuvra durant cette terrible nuit à acheminer l'eau des puits avoisinants et même du purin !
En 2022 Henri Decker se souvient :
"...ce soir d'août 1947 tout le village fut en émoi. Des échelles furent placées vers la toiture de la nef, heureusement qu'il y avait un vent de nord-est. Les pompiers attaquèrent le feu à l'aide de lances, l'eau issue des puits de proximité fut amenée par des seaux grâce à une chaîne humaine, le clocher embrasé finit par tomber vers l'ouest, entre le portique vers et sur les tombes, dont celles des curés et la croix des missions qui perdit un bras ! Grâce à la solidarité villageoise le pire a pu être évité, la toiture de la nef sauvée !
L'horloge Schwilgué fut également détruite dans l'incendie !
Autour des années 1950 la presse locale était encore bilingue, en version française ou allemande.
...moins de 2 ans plus tard, en avril 1949, la communauté paroissiale retrouva le sourire : la charpente du clocher était reconstruite, une nouvelle horloge et 3 nouvelles cloches furent achetées, la petite dernière qui traversa les aléas de la Deuxième Guerre mondiale et l'incendie retrouva sa place dans le nouveau clocher.
Les nouvelles cloches vinrent de Colmar et furent accueillies une fois encore dans la liesse générale, l'office solennel de la bénédiction de ces cloches fut présidé par Mgr Jean-Julien Weber, évêque de Strasbourg. L'office eut lieu l'après-midi du lundi de Pâques. Mgr Weber fut accueilli par toute la communauté villageoise autour du curé Maerklen et de l'abbé Kauss, ancien curé, le curé Zind de Rumersheim-le-Haut et le Curé-doyen cantonal Morand, son prédécesseur l'abbé Maechtlin, venus d'Ensisheim et M. Georges Bourgeois, député venu de Pulversheim et bien d'autres invités.
Dans l'en-tête de ce thème nous parlions de trois évènements concernant les cloches de l'église.
En effet déjà en 1864 la paroisse eut quatre nouvelles cloches. En 1852 le clocher menaça ruine suite à la crue du Rhin du 18 septembre. Vue sa fragilité le clocher fut détruit et laissa place au nouveau clocher dans son aspect actuel. Il fallut 9 ans à la municipalité pour le construire. Un texte du Journal de la paroisse nous apprend que des nouvelles cloches furent installées dans ce nouveau clocher avec leur bénédiction en 1864 fort probablement.
Après la Première Guerre mondiale, nouvelles cloches et nouvelle bénédiction en 1923.
Après la Seconde Guerre mondiale, puis l'incendie de 1947, nouvelles cloches et nouvelle bénédiction en 1949.
Ces bénédictions ce seront donc reproduits trois fois en 85 ans à Blodelsheim !
Un défilé analogue eut lieu 4 ans plus tôt, le 3 septembre 1945 pour la fête de la Libération.
A la vue de ces photos, ce fut assurément un grand moment pour toute la communauté de Blodelsheim.
L'horloge primitive des années 1860 fut une "Schwilgué" qui sortait des ateliers de son célèbre concepteur Jean-Baptiste Schwilgué qui rénova l'horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg.
Thème complété avec les témoignages d'Anna et Henri Decker et René Brun.
Documents complémentaires des archives municipales quant à l'histoire des cloches de 1864 à 1949...
Flèche primitive du clocher, bulbe transpercé de tirs durant la guerre.
La croix sommitale du clocher fut forgée par Joseph Werner.
En 1949 on pensa la porter sur une charrette qu'on voulut joindre au cortège lors de l'inauguration du clocher et des cloches, mais bien trop lourde, cela ne put se faire.
Anecdote de Henri Decker.
Orgue Silbermann
Pour en savoir plus sur cet orgue voici un lien vers une étude détaillée proposée par Eric Eisenberg avec l'aide de Roland Lopes et Jonathan Brun :
http://decouverte.orgue.free.fr/orgues/blodelsh.htm
Au fil du temps cet orgue subit des réparations, maintenances et relevage le dernier en date en 1982-83.
Ci-dessous, la délibération du conseil municipal du 10 novembre 1846 selon un mémoire de M. Haas, facteur d'orgue de Rouffach, du temps de l'abbé Philippi.
Comme on peut le lire dans le rapport "KERN" ci-dessous, en 1862 il y eut encore des réparations et profondes modifications du temps de la construction du nouveau clocher de l'église.
En 1917 nouvelles réparations et remplacements de tuyaux, car spoliés pour faits de guerre. L'orgue signalée en très mauvais état.
Après la Première Guerre mondiale il y eut des réparations et remplacements.
Le dernier relevage date des années 1982-83.
La chorale Sainte-Cécile de Blodelsheim
En 1882, dans une Alsace allemande, le chant choral religieux fut régi par une fédération, devenue l'Union Sainte-Cécile, il l'est toujours aujourd'hui.
L'organiste de 1847 semble avoir été un dénommé Mathieu Ruesterholz, né en 1797 et domicilié à Blodelsheim d'après l'acte d'état civil de décès d'un enfant du nom de Bernard Anicet Dentinger où il apparait comme témoin. Ce Mathieu Rusterholz fut aussi instituteur.
Les actes d'état civil attestent cela...
Réunion du conseil de fabrique et de la chorale le 9 avril 1899 en présence de l'instituteur Emile Jaeggy qui est ou devient l'organiste de la chorale...
Après la Première Guerre mondiale...
Photos rares des années 1930 où l'on voit René Thuet, directeur de la chorale, entouré de garçons qui répètent chez lui, à l'emplacement de l'actuelle Quincaillerie Werner-Brun, rue du Rhin (rue du Canal d'Alsace aujourd'hui)...
Le pavoisement de l'église prouve que cette photo a été faite lors d'un évènement exceptionnel pour la paroisse, peut-être lors de l'office du 2 septembre 1945 à l'occasion de la fête de la Libération de Blodelsheim, ou même avant-guerre, à l'occasion du Jubilé d'Or de l'abbé Kauss en 1938 ?
Ce diplôme fut remis en 1923 à Joseph Decker (grand-père de Émile Decker, feu historien local) pour ses 50 ans au service de la chorale Sainte-Cécile soit de 1873 à 1923. Longtemps ce ne furent que les hommes qui furent admis à être choristes, ce n'est que dans les années 1950 que les dames furent autorisées au chant choral d'église.
Ci-dessous des extraits de l'ouvrage édité par le Crédit Mutuel en 1996 : "Blodelsheim entre Rhin et forêt" qui retrace une partie de l'histoire de la chorale Sainte-Cécile.
Alfred Vogel dit "D'r Vogel Freddi" fut un personnage pour les anciennes générations de choristes, il fut des décennies durant, l'actionneur de la pompe manuelle de l'orgue.
Durant plus de quatre décennies René Thuet fut incontournable au sein de la chorale Saint-Cécile de Blodelsheim et la personne emblématique.
Déjà dans les années 1960-1970, entre paroisses, les organistes voire choristes se prêtèrent main-forte à toute occasion, notamment aux célébrations en semaine, aux funérailles par exemple.
Jeanne Hussherr, née Stahl, native de Blodelsheim, organiste à Roggenhouse, fut une de ces personnes.
Voici la généalogie de cette lignée STAHL.
Jeanne eut notamment :
une soeur : Marie-Anne qui fut religieuse de la Charité : Soeur Marie-Léger.
un frère : François-Xavier qui fut religieux capucin : père Jean.
un autre frère : Joseph Stahl qui fut maire de Blodelsheim de 1950 à 1956.
Jeanne Hussherr, née Stahl fut organiste à Roggenhouse de 1939 à 1996.
Joseph Haas de Blodelsheim, né en 1940, fut aussi organiste, mais à Fessenheim, du temps du curé Burger et où Léon Gaba fut le directeur de la chorale de Fessenheim de 1960 à 1973.
Occasionnellement Joseph Haas fut aussi intervenant à Blodelsheim et apporta son soutien à Maria Artzer dont il écrivit les premiers accompagnements pour cantiques.
A noter aussi, que de 1980 à 1989, Maria Artzer fut directrice et organiste de la paroisse Sainte-Colombe de Fessenheim.
C'est une page méconnue qu'il convient de partager.
La chorale Sainte-Cécile apporte son concours à de nombreuses manifestations tout au long de l'année, comme sur cette photo à la fête de Noël 1984 à la salle des fêtes de Blodelsheim pour les aînés de la commune.
Maria Artzer dirigea la chorale jusqu'en 1989.
Marcel Artzer deviendra un musicien de renommée internationale au sein de l'Orchestre de l'Opéra National de Lorraine où il est Timbalier Solo.
Ci-dessous un lien pour connaitre son parcours exceptionnel.
https://www.lorraine-percussion.com/artistes
Diplôme et médaille de reconnaissance diocésaine attribués à Maria Artzer en 1997 pour l'ensemble de son oeuvre. Elle et son papa René Thuet ont marqué l'histoire de la paroisse des années 1930 à la fin des années 1980.
1979 - 1987 : l'avis de Monsieur Maurice Moerlen expert en orgue de l'archevêché de Strasbourg sur l'orgue Silbermann de Blodelsheim et sur Maria Artzer, titulaire de l'orgue Silbermann de Blodelsheim ces années-là.
Qui fut Monsieur Maurice Moerlen ?
Né en 1927 à Mulhouse, Maurice Moerlen a été, pendant plus de 30 ans, organiste titulaire du grand orgue de la cathédrale de Strasbourg.
Ancien élève du Conservatoire de Lyon puis de l'École Normale de Musique de Paris, il a enseigné le piano, l'orgue et l'écriture musicale à de nombreuses générations de musiciens en Alsace et dans le reste de la France. Musicien d'église et concertiste international, il a joué sur les grandes tribunes européennes et est encore sollicité aujourd'hui en tant qu'expert des orgues. En soixante-dix ans de carrière, Maurice Moerlen a côtoyé de grands noms de la musique du XXe siècle : Alfred Cortot, Albert Schweitzer, Maurice Duruflé, Gaston Litaize, Michel Chapuis et Jean-Pierre Leguay, autant de rencontres qui ont influencé ses conceptions musicales et son parcours.
Il est un témoin capital et l'une des personnalités majeures du paysage musical en Alsace.